Puffin des baléares
Un voyageur menacé d’extinction
Ces vagabonds des mers se retrouvent tous les ans pour nicher en automne et en hiver sous le soleil des Baléares, mais la prédation par les rats et le dérangement peuvent mettre en échec la reproduction... Pour être encore plus tranquilles, ces sudistes élisent domicile dans des grottes ou fissures à flanc de falaises côtières. Une fois sa descendance assurée, le baroudeur ailé cède à l’appel de la mer et remonte prendre ses quartiers de printemps et d’été sur la côte portugaise, dans le Golfe de Gascogne, et jusqu’ en Manche qui est la limite nord de son aire de répartition. Un sea-trip annuel de 1200 km pour les plus motivés !
Celui que les scientifiques appellent Puffinus mauretanicus est considéré comme l’oiseau marin le plus menacé d’Europe. L’effectif mondial de l’espèce est restreint (dernièrement estimé à 25 000 individus pour environ 7000 couples nicheurs) et en déclin prononcé (-14% par an), à cause d’une sur-mortalité des adultes. Si rien n’est fait pour favoriser sa conservation, l’espèce pourrait ainsi s’éteindre définitivement d’ici 60 ans.
Comment le reconnaitre ?
Le Puffin des Baléares est un oiseau marin de taille moyenne, d’envergure légèrement plus petite que la Mouette rieuse. Son plumage est d’un brun sombre relativement uniforme sur l’ensemble des parties supérieures (tête, dos, dessus des ailes, queue, haut des flancs). Le fond blanchâtre des parties inférieures est plus ou moins maculé de brun selon les individus. Ses aisselles teintées de brun, le ventre et le bas ventre brunâtres paraissant mazoutés.
- Masse comprise entre 350 et 500g
- Envergure d’environ 75-90 cm
- Longueur du corps d’environ 38 cm
Par sa coloration globalement brune, le Puffin des Baléares peut faire penser à un jeune goéland , dont il se distingue par son vol caractéristique de la famille des puffins, alternant des phases planées entre des séries de battements rapides et de faible amplitude, les ailes étant constamment tenues très rigides. Espèce grégaire, elle forme souvent de vastes radeaux en surface.
Où et quand le rencontre-t-on dans les eaux françaises ?
En France, le Puffin des Baléares fréquente préférentiellement les eaux du plateau continental (20-180m) dans le golfe de Gascogne et en manche ouest pour la façade atlantique, et le golfe du Lion pour la façade Méditerranée. Elle est présente de juin à octobre en Atlantique et d’avril à juin dans le golfe du Lion.
Sur la façade atlantique, l’espèce affectionne notamment les grandes baies ou secteurs abrités, avec une présence historiquement significative sur les secteurs suivants : côte des Havres, baie du Mt St-Michel, baie de St-Brieuc, mer d’Iroise/baie de Douarnenez, Mor Braz, côte vendéenne/île d’Yeu, littoral basco-landais/Gouf de Capbreton. En Méditerranée, l’espèce fréquente préférentiellement le plateau continental du golfe du Lion.
De quoi se nourrit-il ?
Se nourrissant principalement en sub-surface, mais capable de plonger jusqu’à 30m de profondeur, le Puffin des Baléares se nourrit principalement de petits poissons pélagiques tels que la sardine et l’anchois, mais aussi des rejets de pêche, notamment issus de chalutiers. Une proportion moindre de son régime alimentaire comporte krill ou macrozooplancton. Régulièrement, le Puffin des Baléares est observé en groupe de pêche mixte, avec d’autres espèces comme le Puffin des anglais, les sternes, les mouettes, le Fou de Bassan ou des alcidés.
© Iker Castège – Centre de la mer de Biarritz
Quelles menaces pèsent sur l’espèce ?
Même si la prédation au nid (œufs, poussins) par des mammifères prédateurs introduits sur les îles et îlots accueillant les colonies de reproduction, tels que le rat ou le chat, participe au déclin de l’espèce, c’est un taux de survie chez l’adulte anormalement faible, de l’ordre de 0,80, qui en est principalement à l’origine. Ce faible taux est notamment expliqué par une mortalité causée par captures accidentelles dans les pêcheries professionnelles. Des études menées en Espagne et au Portugal indiquent que la palangre démersale, les filets maillants/trémails et la senne tournante sont les engins de pêche principalement concernés. Le dérangement en mer causé par les activités nautiques sportives et de loisirs (pêche plaisance, Véhicules Nautiques Motorisés etc) ou la compétition trophique avec les pêcheries de petits poissons pélagiques participent également aux pressions exercées sur l’espèce. Enfin, le développement des fermes éoliennes offshores constitue aussi une source de préoccupation en ce qui concerne l’état de conservation de l’espèce et de ses habitats (risque de collision, perte d’habitat).
Etat écologique du puffin des Baléares selon l’Union internationale pour la conservation de la nature
Quel comportement adopter en présence de radeaux de puffins ?
Si vous observez simplement cette espèce, la donnée nous intéresse :
- Partagez vos observations via des applications gratuites et dédiées à la collecte de données en mer, ObsEnMer pour l’Atlantique et EchoSea en Méditerranée
- Envoyez-nous un mail à obs-oiseauxmarins@ofb.gouv.fr, si possible avec une photo !
Afin d’éviter le dérangement de l’espèce par stress induit et/ou perte énergétique :
- Contourner/éviter tout groupe de Puffins des Baléares (radeaux) dès détection afin d’en éviter l’envol et la fuite